Les matériaux
En puisant dans les propres ressources du territoire (humaines, matérielles, immatérielles) pour le renouveler, le réemploi offre une répartition plus juste de la valeur ajoutée du projet et du chantier. C’est un levier du métabolisme urbain, qui s’appuie sur le concept parfois homogène, parfois imprévisible de mine urbaine pour proposer une alternative au « tout standard ». Il s’agit de rendre visible et lisible le gisement de matière à disposition dans l’espace urbain afin de fabriquer des filière de distribution de matériaux et composants du BTP collectés, préparés et fiabilités et fournis localement.
Extrait de REPAR#2
Définitions et chiffres clés
Le réemploi des matériaux du bâtiment
Le réemploi est défini comme “toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus”
article L541-1-1du code de l’environnement
Le réemploi concerne des produits et non des déchets. Contrairement à la réutilisation, dans le cadre du réemploi, le produit garde son statut de produit et ne devient à aucun moment un déchet. Ce n’est donc pas un mode de traitement mais une composante de la prévention des déchets.
À noter que les installations qui pratiquent le réemploi ne sont pas des installations classées ICPE au titre des déchets.
Le réemploi induit la notion d’usage identique du produit. L’intervention d’une personne compétente permet d’orienter un produit vers le réemploi.
Le gisement
A l'échelle de la France, le gisement représente ce que l'on considère aujourd'hui comme les déchets du BTP, soit 227,5 millions de tonnes par an !
Sur ce volume, 18%, soit 42 millions de tonnes par an sont à majorité (74%) des inertes, 23% sont classés comme non-dangereux et seulement moins de 3% sont non réemployables car dangereuses (polluées par l'amiante, le plomb, les parasites et la radioactivité). ; il est théoriquement possible de puiser dans 41 millions de tonnes pour en faire des ressources de réemploi.
Enjeux
La donnée et la qualification
Un matériaux réemployable est un matériaux qualifié avec les informations les plus complètes possibles il est donc important de capitaliser sur :
- Les caractéristiques du gisement (contexte dans le bâti, nature, état, quantité, qualités techniques, etc.)
- La dépose, et le stockage sur chantier
- Le transport
- Les étapes de remise en état
- Les tests et essais
L'ensemble des ses données permettent la traçabilité des matériaux pour répondre aux enjeux assurantiels et pour mettre à disposition des catalogues de qualité facilitant le sourcing.
Il est donc tout aussi important de les capitaliser que de les transférer en les étoffant au fil de la vie de la matière.
NB : Le diagnostic PEMD est le premier outil de captation de la donnée mais il n'est pas systématique à chaque déconstruction (obligatoire pour les déconstruction >1000 m² ou rénovation significative), il est encore souvent partiel sur la partie réemploi et les logiciels métiers permettent rarement le transfert de la donnée.
Enjeu assurantiel
L'acquisition de données dès le diagnostic permettent la traçabilité des matériaux et de constituer des fiches techniques que le Bureau de contrôle peut évaluer ou que les plateformes de vente peuvent capitaliser.
La quantité et la qualité de l'information (premier usage, qualités mécaniques, composition, essais, dépose, conditionnement, etc.) permet le dialogue avec les assurances et de décider des usages plus ou moins normés (incendie, accessibilité, thermique, etc.) pour leur seconde vie.
Enjeu pour le sourcing
Les plateformes numériques et physique, pour favoriser le flux des matériaux, doivent proposer des services de fiabilisation et de lisibilité des matériaux et permettent ainsi l'acceptabilité avec des annonces de qualité.
Pour cela la mise en visibilité doit se rapprocher au maximum des catalogues du neuf pour donner envie aux Maîtres d'ouvrages et aux Maîtres d’œuvres de se fournir auprès de ces plateformes.
Plus les annonces sont qualifiées, plus les acteurs du réemploi gagnent du temps dans leur travail, ce qui permet de fiabiliser économiquement une filière.
Enjeu environnemental
Au-delà de la caractérisation première permettant de connaître la dangerosité du PEM sur son environnement, le bénéfice de la données permet de contribuer au calcul carbone et à l'impact environnemental des PEM.
Le lieu de dépose et donc le transport nécessaire ainsi que la quantité prélevée permettent d'estimer les impact environnementaux qui sont les enjeux de la prévention des déchets lors de la déconstruction et de la RE 2020 lors de la construction.
Le prix de la matière
Un des éléments facteur de succès de la structuration des filières de réemploi des matériaux du bâtiment est sur la constitution du prix de la matière.
Cet enjeu économique majeur permet de constituer une filière viable et rémunératrice de l'ensemble de la chaîne de valeur et de sécuriser le réemploi entrant.
Concrètement
Les typologies de matériaux réemployables
Des filières se constituent et des typologies de matériaux sont aujourd'hui facilement réemployables.
La liste ci-dessous n'est pas exhaustive et continue de croître au fil des expérimentations et des protocoles de reconditionnement :
- Les matériaux de second œuvre en grande quantité et non collés comme :
- les planchers techniques
- les dalles de moquette
- les dalles de faux-plafond
- les blocs portes à âmes pleines
- les planchers en bois massif
- les cloisons modulaires
- Les éléments métalliques non pollués
- Les éléments sanitaires
- Les équipements électriques
- les éléments à haute valeur ajoutée issus du patrimoine
- tomettes
- cheminée en pierre de taille
- certains radiateurs en fonte
- ardoises de haute qualité (épaisseur, rareté, carrière de prélèvement, etc.)
- etc.
Les plateformes physique et numériques
Lieu d'approvisionnement en matériaux de réemploi, elles font partie des outils important du flux de la matière.